Elsevier

La Presse Médicale

Volume 42, Issue 2, February 2013, Pages 151-159
La Presse Médicale

Mise au point
Aortite inflammatoire au cours de la maladie de HortonInflammatory aortitis in giant cell arteritis

https://doi.org/10.1016/j.lpm.2012.03.003Get rights and content

Key points

A sub-clinical inflammatory aortitis is very frequent in patients with giant cell arteritis, and can be the only localization of the disease. In most patients, this aortitis is asymptomatic and is of no consequence on the patient's survival.

The relative risk of developing an aortic dissection or aneurysm is 17.3. Evolution towards an aneurysm or an aortic dissection is unpredictable and rare; and seems independent of the disease activity and the associated vascular risk factors.

Isolated aortitis treatment is not consensual, but often similar to the treatment of giant cell arteritis and adapted to clinical and biological markers of disease activity.

Screening for sub-clinical aortitis with FDG-PET should not be prescribed in patients with typical presentation of giant cell arteritis.

A systematic screening of aortic complications in giant cell arteritis patients could be done with a chest X-ray and an abdominal ultrasound possibly completed with an aortic CT-scan at time of diagnosis, in order to look for aneurysms with possible surgical indication.

Points essentiels

L’atteinte inflammatoire aortique infraclinique est très fréquente au cours de la maladie de Horton dont elle peut être la manifestation exclusive. Elle est souvent asymptomatique, peut disparaître sous traitement et est sans conséquences sur la survie dans la majorité des cas.

Les patients atteints de maladie de Horton ont un risque relatif de développer une dissection ou un anévrisme de l’aorte thoracique de 17,3. Cette évolution vers une complication de l’aortite est actuellement difficile à prévoir et semble indépendante de l’activité de la maladie et des facteurs de risque cardiovasculaires.

Le traitement n’est pas codifié pour les formes aortiques isolées, mais il est en général calqué sur celui de la maladie de Horton et modulé selon l’activité clinique et biologique de la maladie.

La réalisation d’une TEP-tomodensitométrie systématique à la recherche d’une aortite infraclinique dans les formes typiques de maladie de Horton n’est pas justifiée actuellement.

Le dépistage des complications de l’aortite n’a pas fait l’objet de recommandations, mais une radiographie thoracique et une échographie abdominale systématiques éventuellement complétées par une tomodensitométrie ou une imagerie par résonance magnétique (IRM) aortique se justifient lors du diagnostic de maladie de Horton à la recherche d’anévrismes d’indication chirurgicale.

Section snippets

Aortite clinique

La prévalence des atteintes aortiques dans la MH est difficile à préciser, d’une part, en raison des diverses définitions que l’on peut en retenir (histologique, radiologique ou clinique), d’autre part, parce que selon les techniques d’imagerie utilisées on peut mettre en évidence l’inflammation de la paroi aortique, son épaississement ou les anomalies structurales qui en sont la conséquence tardive.

L’incidence des complications de l’aortite a été évaluée par la série rétrospective de

Diagnostic clinique

Le mode de présentation de l’aortite inflammatoire est rarement bruyant. Dans la série de 45 patients atteints d’aortite ascendante de découverte histologique après remplacement chirurgical de Miller et al., la symptomatologie la plus fréquente était la douleur dorsale ou thoracique (35 %). Dans 64 % des cas, les patients avaient des manifestations cliniques d’autres sites d’atteinte vasculaire (claudication, souffle, accident ischémique transitoire, diminution des pouls) [17]. En 2009, sur

Évolution de l’atteinte infraclinique

L’aortite accompagne la MH au cours de son évolution, mais peut parfois la révéler de façon dramatique par une dissection ou une rupture aortique. Dans une étude rétrospective portant sur 48 patients avec une aortite de Horton, l’atteinte aortique était présente lors du diagnostic dans la très grande majorité des cas (83 %), avait précédé le diagnostic de MH de 5 mois dans un cas et s’était développée lors de l’évolution de la MH dans les 7 cas restants (14,6 %) dans un délai de 1–120 mois

Clinique

Il ne semble pas exister de différence clinique parmi les patients ayant une MH prouvée par biopsie de l’artère temporale, selon qu’ils ont ou non une atteinte aortique, hormis pour Blockmans et al. qui trouvent une moindre fixation vasculaire à la TEP-TDM chez les patients ayant une claudication de la mâchoire [16]. Dans une étude prospective espagnole évaluant l’atteinte aortique au cours de la MH, ni les caractéristiques de la maladie, ni les facteurs de risque cardiovasculaires (HTA,

Prise en charge thérapeutique des aortites inflammatoires

Il n’existe actuellement pas de données validées concernant la prise en charge thérapeutique d’une atteinte aortique de découverte isolée, qu’elle soit de découverte histologique postopératoire ou de découverte radiologique fortuite. Celle-ci est dans la plupart des études rétrospectives laissée à la discrétion du médecin référent. Les traitements proposés sont les mêmes que ceux de la MH et comportent les corticostéroïdes, l’adjonction d’un immunosuppresseur (souvent le méthotrexate), ou bien

Dépistage et suivi des complications aortiques au cours de la maladie de Horton

Brack et al. ont suggéré qu’il puisse exister deux différents types de MH, le premier atteignant essentiellement les branches de la carotide externe avec un fort taux de BAT positives, l’autre touchant de façon plus diffuse les artères de gros calibre, avec une clinique moins bruyante, un délai diagnostique plus long et une moindre positivité des BAT [33]. C’est pour cette seconde forme clinique que le diagnostic d’aortite par imagerie serait le plus intéressant, particulièrement en cas de BAT

Suivi de l’efficacité des thérapeutiques

La plupart des études prospectives utilisant l’IRM et la TEP-TDM dans les cas de MH histologiquement prouvées n’ont pas trouvé de corrélation entre les signes d’inflammation des gros vaisseaux à l’IRM et de façon plus inconstante au TEP-TDM, d’une part, et les paramètres inflammatoires biologiques (VS, CRP) ou cliniques (score BVAS – Birmingham Vasculitis Activity) [16], [35] d’autre part. La TEP-TDM serait mieux corrélée à l’activité biologique de la maladie pour certains auteurs [37] mais une

Prédiction ou diagnostic des rechutes et des complications anévrismales

Quelles que soient les techniques d’imagerie utilisées, aucune étude n’a permis de mettre en évidence que l’inflammation aortique soit un facteur prédictif de mauvaise réponse thérapeutique, de corticodépendance ou de rechute à l’arrêt du traitement. Il n’est pas prouvé qu’une atteinte inflammatoire radiologique de l’aorte lors du diagnostic de MH soit prédictive de complications vasculaires aortiques à plus long terme, bien que l’étude de Blockmans et al. ait fait apparaître que les patients

Conclusion

Le spectre de la MH s’est aujourd’hui élargi aux aortites inflammatoires isolées, dont le diagnostic est facilité par les nouvelles techniques d’imagerie. L’atteinte histologique de l’aorte au cours de la MH est fréquente (environ un cas sur deux pour l’aorte thoracique), cependant l’évolution vers des complications cliniques reste rare et peu prédictible. Sa mise en évidence par imagerie est pertinente pour aider au diagnostic de formes atypiques de MH ou faire le diagnostic d’anévrismes

Déclaration d’intérêts

les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts en relation avec cet article.

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